Le camp de Dachau

DACHAU : UN SYMBOLE

Dachau est le symbole des crimes contre l’Humanité de l’univers concentrationnaire, au même titre que le camp d’extermination d’Auschwitz rappelle le génocide du peuple juif.

Dachau fut le premier camp de concentration d’Etat du Reich, créé par Hitler le 22 mars 1933, un mois seulement après son élection comme chancelier. Il fut aussi l’avant-dernier camp libéré par les Américains, le 29 avril 1945, la veille de la mort d’Hitler. 

Le camp « modèle »

Dachau connut d’emblée une publicité extraordinaire, la presse quotidienne rendant compte des nouveaux convois de détenus, arrêtés par la police bavaroise puis gérés par la SS, ces deux organismes ayant comme chef le même homme : Heinrich Himmler.

Le camp devint la référence, le modèle, l’école du crime SS, formant à « l’Ecole de la Violence » les futurs cadres et gardiens SS des camps et servit de prototype pour les 1650 camps ultérieurs (infrastructure, organisation, fonctionnement).

Himmler à Dachau en 1936

Des opposants multiples

Dachau fut d’abord un camp de répression destiné aux opposants politiques allemands au régime nazi (communistes, sociaux-démocrates) en vue de leur « rééducation » et de leur réinsertion dans la nouvelle société totalitaire. Une des « maximes éducatives », « Arbeit macht frei » (le travail rend libre), est inscrite sur son portail d’entrée. 

Le camp était alors présenté comme un moyen de protéger la population des opposants placés provisoirement hors de la « communauté du peuple » grâce à la procédure de Schutzhaft, la détention de sécurité sans jugement.

Y furent rapidement enfermés tous ceux considérés par Hitler comme « superflus, nocifs ou en surnombre » (*), et parmi eux des Juifs, des soi-disant « asociaux », des Tsiganes assimilés à ces derniers, des Témoins de Jéhovah…  On y compta 2 771 religieux, hostiles au nazisme, dont 700 moururent et 300 disparurent.

Dachau, conçu pour 5 000 détenus, avait une population permanente de 35 000 détenus dans des conditions particulièrement dégradantes.

La répression des Résistants au nazisme de toute l’Europe

A partir de 1939, le camp connut une forte croissance du nombre des déportés, représentant 38 nationalités différentes. Les détenus du Reich devinrent minoritaires, avec moins de 10 % des effectifs.

Le camp comptabilisa ainsi jusqu’à 40 000 déportés, répartis en 183 kommandos extérieurs, pouvant compter plusieurs milliers de détenus, épuisés par le travail et la faim, jusqu’à la mort. Il reçut plus de 200 000 détenus, dont 84 738 après juin 1944 ; 41 500 (**) y moururent, 160 000 autres victimes furent marquées à vie par les tortures, le travail forcé et l’avilissement.

Les expérimentations

A Dachau furent expérimentées des méthodes d’extermination sur les enfants déficients, malades mentaux, vieillards, grabataires, dont les « médecins » furent ensuite mutés dans les camps d’extermination de Juifs. 

200 détenus moururent d’expériences pseudo-médicales : injection de malaria et de tuberculose, hypoxie d’altitude, hypothermie dans l’eau glacée, produits coagulants causant des phlegmons…

Les horreurs

Dachau fut le lieu de pendaisons, d’assassinats de détenus d’exécutions systématiques, dont celles de 4 000 prisonniers de guerre soviétiques.

Dachau enferma 583 homosexuels et plusieurs furent émasculés.

Le 5 juillet 1944, un convoi parti de Compiègne avec 2 521 hommes, entassés à 100 par wagon sous une forte chaleur et durant 4 jours, arriva avec 984 morts. A la libération, 2 300 cadavres furent également découverts en gare de Dachau, dans un train arrivé de Buchenwald.

Les corps, jetés pêle-mêle, étaient brûlés dans des fours crématoires. Quand la mortalité dépassait les capacités des fours, les morts étaient jetés dans d’immenses fosses, comme celle de Leitenberg avec plus de 7 700 cadavres.

Une épidémie de typhus causa le décès de 17 342 détenus entre décembre 1944 et mai 1945 ; 2 200 détenus moururent encore en mai 1945, après la libération du camp.

Les témoignages

  • Dachau fut le camp où, afin de conserver des preuves et de témoigner de la réalité des souffrances infligées, les détenus se regroupèrent et s’organisèrent avant même leur libération dans le Comité International des Détenus, devenu par la suite Comité international de Dachau (CID).
  • Dachau fut filmé dès sa libération avec d’importants moyens cinématographiques qui authentifient l’horreur découverte. La possession de témoignages aussi importants de cette période historique, aussi sombre soit-elle, constitue aujourd’hui un atout pour l’action mémorielle.
Dachau, 1945
  • A Dachau, comme à Nuremberg pour les hauts responsables nazis, siégea un tribunal militaire américain, ayant comme preuves irréfutables les témoignages qu’apportèrent de nombreux anciens détenus.

A Dachau furent ainsi jugés et condamnés en 489 procès les responsables des camps de concentration « pour avoir, dans la poursuite d’un but collectif, perpétré les actes criminels suivants : atrocités, sévices corporels y compris homicides, bastonnades, tortures, mort par affamation, actes de violence et humiliations ».

*Wolfgang Sofsky. Die Ordnung des Terrors. Das Konzentrationlager. Francfurt-am-Main,1993.

**Stanislas Zamecnick. «C’était ça Dachau » Paris, Le Cherche Midi 2003. Traduction Sylvie Graffard.