Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’aéroport de Munich-Riem fut une cible stratégique pour les raids aériens conduits par les Alliés. Les pistes et les ateliers furent détruits à plusieurs reprises. Pour que les avions puissent continuer à voler, de nombreux travaux de reconstruction durent être effectués. Il fallut combler les cratères de bombes sur les pistes existantes, mais aussi construire de nouvelles pistes d’atterrissage et de décollage. Ces travaux furent confiés à l’Organisation Todt (OT) et la main-d’œuvre fut fournie par les détenus du camp principal de Dachau. Les 600 premiers prisonniers arrivèrent dès février 1943 à Munich-Riem. À environ 2 kilomètres de l’aérodrome, un camp annexe fut établi dans les écuries de la SS-Reit-und Fahrschule (école d’équitation et d’attelage SS), qui étaient entourées de barbelés et gardées par des sentinelles SS.
Le nombre de prisonniers varia considérablement. En février 1943, 600 prisonniers furent envoyés à Munich-Riem ; à la fin de 1944, il n’y avait plus que 300 travailleurs, et un survivant déclara que, vers le Nouvel An 1944-1945, il ne restait plus qu’une centaine de détenus. Ce qui est certain, c’est que fin mars ou début avril 1945, plusieurs centaines de détenus furent évacués des camps annexes de Natzweiler, comme Neckarelz et Neckargerach, et du camp annexe de Dachau à Kottern près de Moosbach, pour être transférés à Munich-Riem. Un rapport des effectifs de Dachau daté du 26 avril 1945 fait état de 1 543 prisonniers dans le camp annexe de Munich-Riem. Il s’agit donc du plus grand camp annexe de Munich après celui de Munich-Allach.
L’augmentation spectaculaire du nombre de détenus aggrava considérablement les conditions de vie dans l’ancien centre équestre. Au début, les détenus dormaient dans des lits superposés à trois niveaux, dans les stalles de l’écurie. Au fur et à mesure que la taille du détachement augmenta, de plus en plus de prisonniers durent partager les stalles. La majorité d’entre eux devaient alors dormir sur le sol en béton nu. Ceux qui avaient de la chance dormaient sur une fine couche de paille.
Les détenus du camp annexe de Munich-Riem étaient pour la plupart originaires de Russie, de Pologne, de France, d’Italie et d’Allemagne. Parmi eux se trouvaient également environ 200 Sintés et Roms et un nombre indéterminé de Juifs. Le premier kapo du camp annexe était un Allemand, Ludwig Müller. Le doyen du camp était Hans Bonn, et l’employé du camp Fritz Mannel. Tous deux furent transférés au camp principal de Dachau le 11 avril 1945. Plusieurs survivants déclarèrent que, pendant les dernières semaines du camp, il n’y avait plus de détenus fonctionnaires.
La nourriture provenait d’une cuisine située dans l’enceinte du camp. Selon les détenus, elle était tout à fait insatisfaisante. Le matin, il n’y avait qu’un mince café ; à midi, une soupe de choux ou de pommes de terre aqueuse ; et le soir, à nouveau du café avec un morceau de pain. De nombreux prisonniers étaient sous-alimentés et affaiblis en raison du rude travail qu’ils devaient effectuer. Ceux qui étaient malades ou incapables de travailler étaient transférés à Dachau. Ceux qui s’effondraient sur le chemin du travail étaient battus par leurs gardiens. Il n’y avait pas d’infirmerie dans le camp annexe de Munich-Riem.
Lorsque les sirènes d’alerte aérienne retentissaient, les gardes SS se cachaient dans les abris antiaériens. Il n’y avait pas de protection pour les détenus. Au contraire, la porte du camp était ouverte et les prisonniers recevaient l’ordre de se mettre à l’abri dans les environs. Ceux qui ne revenaient pas immédiatement après le raid aérien étaient recherchés et fusillés. Les prisonniers en profitaient pour chercher des pommes de terre dans les champs avoisinants ou pour se procurer du pain auprès des fermiers. Si les gardes trouvaient de la nourriture sur les prisonniers, ceux-ci étaient sans hésitation fusillés pour pillage. Il est arrivé à plusieurs reprises que des civils viennent au camp après les raids aériens pour signaler des vols de nourriture ou de la mendicité. Dans ce cas, le suspect était presque toujours abattu immédiatement sur la place d’appel. En février ou mars 1945, 20 détenus russes furent exécutés d’une balle dans la nuque.
Malgré la sévérité de la punition, il y eut quelques tentatives d’évasion. La plupart d’entre elles se soldèrent par la mort du prisonnier.
Les raids aériens alliés représentaient un grand danger et constituaient la principale cause de mortalité dans le camp annexe de Munich-Riem. Lors d’un raid le 9 avril 1945, au moins 24 détenus furent tués et 40 blessés. Le 11 avril 1945, 3 morts et 94 blessés furent transférés à Dachau. Des photographies aériennes de la zone autour de l’aéroport de Riem, prises après les raids aériens, témoignent de l’ampleur des attaques. Par ailleurs, un ancien détenu rapporta que les SS tiraient sur les blessés après les raids aériens.
Les gardes de Munich-Riem comprenaient non seulement des SS, mais aussi des membres de la Volkssturm (garde nationale allemande) et de l’OT. Seuls sont connus les noms des gardiens qui y travaillèrent au cours des dernières semaines. Hans Hahn arriva comme gardien à la fin du mois de mars 1945 et resta jusqu’à l’évacuation du camp annexe de Munich-Riem. Pendant cette période, le Hauptscharführer Franz Xaver Trenkle fut le dernier chef de camp. Il était connu pour abattre les prisonniers au moindre soupçon d’évasion ou de vol de nourriture. Au cours des procès de l’armée américaine à Dachau, Trenkle admit avoir assassiné 4 détenus. Des survivants déclarèrent que les SS, et en particulier Trenkle, avaient abattu au moins 50 prisonniers. Trenkle fut condamné à mort par le tribunal militaire américain de Dachau en 1945 pour divers crimes commis dans les camps de concentration de Dachau, Neuengamme, Sachsenhausen et Bergen-Belsen et dans leurs camps annexes. Il fut pendu le 25 mai 1946 à Landsberg am Lech.
Le camp annexe de Munich-Riem ne fut jamais officiellement fermé. Seuls les prisonniers juifs furent renvoyés par camion au camp principal de Dachau les 24 et 25 avril 1945, où ils furent ensuite libérés par les Américains. La majorité des prisonniers, environ un millier, furent évacués le 25 avril 1945 de Munich-Riem en direction du sud. La moitié des détenus passèrent par Trudering pour se rendre à Bad Tölz, et les 500 autres par Grosshesselohe, Grünwald et Deiningen pour se rendre à Dettenhausen. Les survivants des deux groupes firent état de mauvais traitements pendant les marches, et les prisonniers trop faibles pour continuer étaient abattus. Quelques prisonniers profitèrent de l’occasion pour s’évader et se cachèrent dans des granges et des forêts jusqu’à l’arrivée des Américains.
Un petit groupe de détenus resta au centre équestre. Selon la liste des prisonniers du Mémorial du camp de concentration de Dachau, 137 prisonniers de Munich-Riem furent libérés par les troupes américaines.
L’International Tracing Service (ITS) répertorie deux camps différents à Munich-Riem. L’un porte le nom de camp OT et l’autre celui de SS-Reit-und Fahrschule. Il n’existe aucune preuve de l’existence d’un camp à Riem autre que l’école d’équitation et d’attelage SS. Il convient donc de supposer que les deux descriptions se rapportent au même camp.
Le procureur de Munich mit fin aux enquêtes sur les événements relatifs au camp annexe de Munich-Riem en 1977, parce que le principal suspect, Trenkle, avait été condamné et exécuté lors du premier procès de Dachau en 1946.
Traduction d’un extrait de Encyclopedia of Camps and Ghettos, 1933-1945. The United States Holocaust Memorial Museum. General Editor Geoffrey P. Megargee.