Du 13 au 15 juin 2025, l’Amicale de Dachau a tenu son congrès annuel dans les Hautes-Pyrénées. Nous étions d’abord présents à Marignac et Cier-de-Luchon le vendredi 13 juin, puis à Bagnères-de-Luchon les samedi 14 et dimanche 15 juin. À l’occasion du 80e anniversaire de la Libération, une attention particulière a été portée au thème des passeurs et de la liberté retrouvée, comme vous pourrez le découvrir au fil de ce compte rendu.
Notre congrès a débuté le vendredi 13 juin par un déjeuner convivial à Marignac, l’occasion de retrouver des visages familiers mais aussi de faire connaissance avec de nouveaux participants. À l’issue de ce repas, nous nous sommes rendus à la salle des fêtes de Marignac, où notre exposition « Dachau » était ouverte au public depuis le 11 juin et le resterait jusqu’au 20 juin. Ce fut pour certains l’opportunité de découvrir les 25 panneaux de notre exposition itinérante, qui circule à travers la France depuis près de dix ans.
Petite surprise préparée par notre président, Dominique Boueilh : aux côtés de l’exposition « Dachau », nous avons pu voir également, en format réduit, l’exposition réalisée par l’Union des associations de mémoire des camps nazis, « Mémoires de déportations : témoignages d’hier, regards d’aujourd’hui ».
Après un mot de bienvenue de Dominique Boueilh, un guide local nous a présenté les « Chemins de la Liberté », en insistant particulièrement sur le parcours pédagogique de Marignac, que les plus motivés parmi nous ont entrepris immédiatement après la présentation.



Sous une forte chaleur, nous avons effectué une version réduite de ce parcours pédestre. Ce circuit de 4 km, jalonné de 12 panneaux explicatifs, retrace l’histoire des traversées clandestines des Pyrénées durant la Seconde Guerre mondiale, notamment celle de Paul Mifsud, de la famille Duffoir et de leurs compagnons en octobre 1943.
Chaque panneau illustre une étape ou un aspect essentiel du périple :
- le contexte historique des passages pyrénéens, d’abord empruntés par les contrebandiers puis par les Républicains espagnols, avant de devenir une voie d’évasion pour des milliers de réfugiés et de résistants ;
- les portraits des principaux protagonistes : Paul Mifsud, déterminé à rejoindre les troupes libres en Angleterre ; la famille Duffoir (un couple de résistants et leur fillette) ; Jean, ainsi que des passeurs et autres « figures de l’ombre » qui ont risqué leur vie pour guider les fugitifs ;
- l’organisation mise en place par un réseau de résistants pour exfiltrer les personnes traquées par les nazis, en assurant vivres, sécurité et orientation clandestine ;
- la préparation de la traversée, ses dangers, les obstacles naturels et humains, et le risque constant d’être capturé ou dénoncé ;
- les étapes géographiques du trajet de Marignac vers Bausen (Val d’Aran) par le mont Burat, ponctuées de récits individuels et collectifs ;
- le rôle décisif du réseau de solidarité local, illustré par de nombreux témoignages sur le soutien des habitants ;
- les conséquences des traversées, réussies ou non : la liberté retrouvée ou, parfois, l’emprisonnement tragique.
Les « Chemins de la Liberté » perpétuent la mémoire de Paul Mifsud, de la famille Duffoir et de tant d’autres, et rendent hommage à toutes celles et ceux qui, grâce au courage collectif et anonyme des réseaux locaux, ont échappé à la barbarie. Chaque étape du parcours invite à réfléchir sur l’humanité et les valeurs républicaines défendues durant cette période sombre de l’histoire régionale.
À l’issue de la marche, nous avons retrouvé la salle des fêtes de Marignac pour partager un verre de l’amitié offert par la mairie. Ceux qui n’avaient pas souhaité participer au parcours ont pu patienter en visionnant en avant-première le film réalisé par Marie-Dominique Dhelsing. Ce documentaire retrace le parcours mémoriel de Compiègne à Dachau accompli par notre Amicale en juillet 2024, à l’occasion du 80e anniversaire du Train de la Mort (voir ici pour plus détails sur ce pélerinage). Le film sera prochainement disponible et nous vous en informerons dès que possible.
Enfin, la journée s’est poursuivie à Cier-de-Luchon, avec une cérémonie commémorative organisée à 19 h, suivie d’un repas chaleureux en compagnie des habitants de Cier-de-Luchon et des environs. Ce dîner fut particulièrement émouvant, car il permit à trois descendants de déportés locaux de s’exprimer publiquement, parfois pour la toute première fois, afin de partager l’histoire de leur père ou de leur mère.



Le lendemain, samedi 14 juin, nous nous sommes retrouvés de bonne heure à l’hôtel Castel d’Alti de Bagnères-de-Luchon pour participer à notre Assemblée générale 2025, qui s’est déroulée tout au long de la matinée.



Après un déjeuner convivial au restaurant panoramique des Thermes de Bagnères-de-Luchon, nous avons gagné le Théâtre du Casino pour assister au temps fort de notre congrès : le colloque « Résistance et Déportation dans le Luchonnais ». Celui-ci s’articulait en deux volets :
- d’abord, un entretien avec Jean Lafaurie, déporté à Dachau et aujourd’hui âgé de 102 ans, qui a livré avec émotion son témoignage, revenant plus particulièrement sur le moment de la libération ;
- puis un exposé consacré à la Résistance et aux passeurs dans les Pyrénées, en France comme en Espagne, animé par Thomas Ferrer, auteur de Passeurs et Évadés dans les Pyrénées, et Cristina Cristóbal, présidente de l’Amicale espagnole de Dachau.
Le compte rendu complet de ce colloque est disponible ici.



Pour clore cette deuxième journée, une cinquantaine d’entre nous se sont retrouvés à la Guinguette du Lac de Badech pour partager un dîner savoureux dans une ambiance chaleureuse. Le trio Indigo, composé de Céline, Manon et Marie, y a interprété a capella plusieurs chants en langue occitane. À l’issue du repas, nous avons assisté, au bord du lac, à la crémation du brandon de la Liberté. Nous avons ensuite regagné la Guinguette afin de participer au bal de clôture, animé par les jeunes musiciens du groupe Estornapic ainsi que par des passionnés de danse traditionnelle, généreux de leurs conseils. Jean Lafaurie, notre invité d’honneur, fut parmi les derniers à quitter cette soirée mémorable…



Enfin, dimanche 15 juin, une visite pédestre de Bagnères-de-Luchon était au programme. Mais la pluie s’étant invitée dès le matin, la plupart d’entre nous a préféré demeurer à l’hôtel… Fort heureusement, le temps s’est éclairci avant midi, ce qui nous a permis de clore ce congrès 2025 par une belle cérémonie au monument aux morts, suivie d’une réception à la mairie de Bagnères-de-Luchon, avant de partager un dernier repas au restaurant.
Alicia GENIN

