Programme d’échanges mémoriels à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration du Mühldorf Hart

Le complexe de camps de concentration extérieurs de Mühldorf am Inn était un groupe de camps parmi les 169 camps extérieurs du camp de concentration de Dachau. Il a été construit à l’été 1944 et dirigé par la SS.

Avec le complexe de camps de concentration extérieurs de Kaufering et le complexe de camps de concentration extérieurs de Munich-Allach (BMW), le complexe de camps de concentration extérieurs de Mühldorf faisait partie des trois plus grands camps de concentration extérieurs du camp principal de Dachau.

Les détenus de ces camps étaient contraints de travailler dans les environs de Mühldorf. Une grande partie d’entre eux étaient alors employés à l’extérieur des camps, principalement dans l’agriculture et le bâtiment.

Sur le chantier du projet portant le nom de code « Weingut I », où devait être construit un bunker d’armement pour la production de composants du chasseur à réaction Me 262 de Messerschmitt, les détenus du camp de concentration représentaient la moitié des travailleurs forcés.

Outre les camps de concentration, il existait dans les environs de Mühldorf plusieurs camps de travail de l’Organisation Todt ainsi que des camps de travailleurs étrangers. Ceux-ci ne dépendaient certes pas du camp de concentration de Dachau, mais étaient généralement affectés à des projets de construction similaires.

Le nombre de détenus ayant réellement transité par les camps du complexe de camps extérieurs de Mühldorf ne peut plus être prouvé avec certitude.

La brochure publiée en 2018 par la Fondation des mémoriaux bavarois sur le mémorial du Mühldorfer Hart indique que sur les 7221 détenus du camp de concentration – comme indiqué dans les documents historiques incomplets – le plus souvent de confession juive, qui ont travaillé dans le camp de juillet 1944 à avril 1945, les Français avec 437 détenus représentaient le quatrième groupe national le plus important, après les 4568 Hongrois, qui représentaient plus de 60 % du nombre total de détenus, les 691 Polonais et les 455 Lituaniens.

Le nombre de morts varie selon les sources, mais il est probablement de l’ordre de 4000 personnes, qui sont mortes de maladies, de faim et de la dureté dévastatrice du travail.

Un détenu survivait en moyenne 80 jours.

Parmi les 437 détenus français, au moins 120 sont morts en captivité.

Le destin a voulu que la grande majorité des déportés français soient des résistants des maquis des Vosges, arrêtés par la Gestapo, et d’abord déportés à Dachau comme prisonniers NN, avant d’être détachés fin octobre 1944 auprès de l’Organisation Todt pour travailler à la construction du bunker du Mühldorfer Hart.

Ils ont été logés en partie dans le camp d’internement de Mettenheim (baraques en bois) et en partie dans le camp d’internement (tentes en partie enterrées) dans la forêt du Mühldorfer Hart.

De nombreux monuments d’honneur et commémoratifs, des stèles et des plaques ont été érigés après la fin de la Seconde Guerre mondiale dans le département des Vosges, dans la Région Grand Est, partout où il y eut des maquis.

Chaque année, des commémorations sont organisées en présence des élus, des représentants de l’État et des membres des familles de victimes, avec un écho médiatique toujours assez important.

La Résistance et la Déportation continuent d’occuper une place importante dans le travail de mémoire en France, ce qui est souvent peu connu du public allemand.

Le dernier survivant français du camp de concentration du Mühldorfer Hart, Roland Thomas (1921-2023), résistant du maquis de Grandrupt-de-Bains, est décédé en juillet 2023 dans sa 102e année. Toute sa vie, en tant que témoin, il a raconté aux élèves du département des Vosges ce qu’il avait vécu dans le camp de concentration de Mühldorf.

Jusqu’à ce que le délégué du Souvenir Français pour la Bavière parle de ce survivant français, encore en vie en avril 2022, dans le discours qu’il prononça lors de la commémoration du 78e anniversaire de la libération du camp de concentration du Mühldorfer Hart, les acteurs du travail de mémoire dans le Landkreis de Mühldorf ne savaient rien de l’existence de monsieur Thomas.

Inversement, monsieur Thomas et de nombreux autres survivants ne savaient rien du mémorial du camp de concentration de Mühldorf Hart ni de l’exposition permanente sur ce camp dans le Musée de Mühldorf. Certes un groupe de survivants du département des Vosges s’est rendu en 1980 à Mühldorf après être passé par Dachau et a eu du mal à trouver des traces du camp, dont les ruines disparaissaient à l’époque sous la végétation sauvage. Mais ni les derniers survivants ni leurs descendants ne connaissaient l’importance du travail de mémoire effectué ces dernières années dans le Landkreis.

Dans le département des Vosges, le nom de Mühldorf est malheureusement exclusivement associé à l’ancien camp de concentration du Mühldorfer Hart et à ses atrocités.

Afin de favoriser une connaissance mutuelle entre les descendants des victimes vosgiennes et les acteurs du travail de mémoire à Mühldorf, Munich et Dachau, Pierre Wolff, délégué du Souvenir Français pour la Bavière à Munich, a initié, avec le soutien de l’Amicale du camp de concentration de Dachau à Paris, un programme d’échanges mémoriels à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration du Mühldorf Hart.

Après le décès du dernier survivant français, les descendants des victimes du camp de concentration (enfants – eux-mêmes par nature souvent très âgés – petits-enfants, arrière-petits-enfants, nièces et neveux, petites-nièces et petits-neveux) sont porteurs des témoignages de leurs ancêtres, parmi lesquels beaucoup s’engagent dans le travail de mémoire.

Les rencontres, visites et échanges mémoriels franco-bavarois qui ont eu lieu du 30 avril au 2 mai 2025 ont été rendus possibles grâce aux mesures suivantes :

  • Participation à la cérémonie commémorative au mémorial du camp de concentration de Mühldorfer Hart ave une prise de parole de Laurence Steinmetz, petite-fille du dernier survivant français, aux côtés de la petite-fille de Max Mannheimer, victime juive allemande de Dachau et de Mühldorf, figure emblématique des victimes de Dachau et du travail de mémoire en Bavière
Laurence Steinmetz, petite-fille de Roland Thomas
© Société Montgelas (Munich/Paris) – Photos: Thomas Bauer (Mühldorf a. Inn) – tom-bauer-foto.de – mai 2025
  • Visite des principaux lieux du mémorial du camp de concentration du Mühldorfer Hart (camp enterré dans la forêt / fosse commune / ruine d’une arche de bunker) ainsi que de l’exposition « Alltag, Rüstung, Vernichtung – Der Landkreis Mühldorf im Nationalsozialismus » (Quotidien, Armement, Anéantissement – Le Landkreis de Mühldorf sous le régime national-socialiste) au Centre d’histoire du Musée de Mühldorf am Inn
Seul vestige d’arche en béton des bunkers construits par les détenus du camp pour le projet de construction d’avions decombat de l’entreprise Messerschmitt / © Société Montgelas (Munich/Paris) – Photos: Thomas Bauer (Mühldorf a. Inn) – tom-bauer-foto.de – mai 2025
Exposition « Alltag, Rüstung, Vernichtung – Der Landkreis Mühldorf im Nationalsozialismus » / © Société Montgelas (Munich/Paris) – Photos: Thomas Bauer (Mühldorf a. Inn) – tom-bauer-foto.de – mai 2025
  • Plantation d’un arbre en signe de paix et de fraternité et installation d’un panneau bilingue informatif et mémoriel sur les victimes lorraines dans le cimetière des camp de concentration extérieurs de Mühldorf, où reposent 480 victimes
Dévoilement de l’arbre récemment planté
Le panneau bilingue mémoriel / © Société Montgelas (Munich/Paris) – Photos: Thomas Bauer (Mühldorf a. Inn) – tom-bauer-foto.de – mai 2025
  • Rencontre avec des acteurs institutionnels et privés du travail de mémoire à Mühldorf, Munich et Dachau et participation au premier forum des descendants organisé par le mémorial du camp de concentration à Dachau et le Comité International de Dachau
Au siège du Parlement de Bavière (© Christian Grégoire)
Au forum des descendants, à Dachau (© Christian Grégoire)
  • Échanges avec les enseignants et les élèves des classes de français du Lycée Ruperti de Mühldorf, déjà partenaires du projet pilote « Se souvenir en français – Sur les traces des maquisards vosgiens » initié par Le Souvenir Français en 2023, et qui ont participé activement aux différentes étapes duk séjour de la délégation française le 1er mai à Mühldorf

Pierre WOLFF
Délégué général adjoint du Souvenir Français d’Allemagne pour la Bavière

Le séjour a été organisé par la délégation du Souvenir Français d’Allemagne pour la Bavière et la société Montgelas pour la promotion de la coopération franco-bavaroise (Munich), avec le concours de l’Amicale de Dachau et le soutien financier du Fonds citoyen franco-allemand.