Discours en hommage au général André Delpech

Discours prononcé par Dominique Boueilh, Président de l’Amicale du camp de concentration de Dachau, lors de la cérémonie d’hommage au général Delpech le 28 septembre 2019 à Vitrac

Monsieur le Maire, chère famille Delpech, chers amis, chers habitants de Vitrac,

C’est avec beaucoup d’émotion que nous sommes réunis en ce lieu, autour du général André Delpech et de son épouse Marie-Thèrèse, 7 ans après leur disparition.

L’Amicale du camp de concentration de Dachau organise cette année son 74e congrès national dans la ville de Sarlat, voisine de ce village de Vitrac où résidait son précédent président émérite. Nous nous devions de rendre cet hommage, par fidélité et respect à ce très grand homme, oui très grand homme, qui a marqué son époque et plus particulièrement la cause qui nous anime : le devoir de mémoire et la défense des valeurs issues de la Résistance et de la Déportation.

Résistant de première heure pour défendre son pays et sa région contre l’envahisseur nazi ; déporté à Dachau par le Convoi de la Mort du 2 juillet 1944 ; ayant enduré déshumanisation et souffrance physique durant ses 10 mois de déportation, jusqu’à la libération du camp le 29 avril 1945.

C’est un homme blessé dans son corps et dans son âme qui retrouve sa famille et la douceur de son terroir. Mais aussi un homme résolument épris de liberté, décidé à combattre l’oubli de l’horreur des camps de concentration, à éveiller les consciences contre le péril des idéologies fascistes et ses analogues, décidé à agir pour le respect de la dignité humaine et contre les atteintes à la liberté. Mais surtout, œuvrer pour le rapprochement des hommes et des peuples d’Europe, et c’est là sa plus grande réussite.

Au terme d’une longue et riche carrière militaire le menant au grade de général de corps d’armée, il s’investit pleinement dans l’Amicale du camp de concentration de Dachau, dont il se voit proposé la présidence en 1991. Il est alors le cinquième président, après Edmond Michelet, fondateur de l’Amicale en juillet 1945, le docteur André Bohn, le colonel Charles Arnould et Louis Eugène Sirvent.

Entouré de son fidèle secrétaire général, Pierre Schillio, présent à nos côtés, de son trésorier précis, Jean Samuel, et des extraordinaires personnalités qui constituent son Bureau et son Conseil d’Administration, il donnera une nouvelle impulsion à notre Amicale, lui conférant visibilité et rayonnement vers le monde extérieur, en fera une force de réflexion sur les crimes nazis, mais aussi sur l’avenir de l’homme. Le défi de sa présidence, transformé en réussite, sera de préparer la transmission de la Mémoire et de la destinée de l’Amicale vers les nouvelles générations. 

C’est avec beaucoup de tact et de patience, de sagesse et d’accompagnement, de force de conviction vers ses détracteurs, de confiance en nous, qu’il a réussi dans son entreprise.

Nous voici, 7 ans après, détenteurs de cet extraordinaire héritage, dont nous mesurons chaque jour davantage son ampleur et sa richesse.

La présence de notre congrès à Sarlat ce week-end, et autour de cette sépulture, se veut un témoignage de notre fidélité et un renouvellement  de notre engagement au serment de Dachau, la réponse à la confiance qui a été placée en nous par les Anciens de Dachau, et plus particulièrement par le général.

Le général André Delpech a également assuré la présidence du Comité International de Dachau de 1991 à 2005. Sous son impulsion et sa maîtrise, le CID retrouvera sa vocation, apaisera ses tensions internes, et retrouvera cette place privilégiée auprès de la Fondation des Mémoriaux bavarois qui lui permettra de participer aux orientations majeures du Mémorial, dont le rayonnement fait désormais acte. Son acte de foi demeurera le rapprochement des nations de l’Europe, dans l’enceinte du CID, mais aussi dans ses nombreuses interventions et déplacements dans les pays européens.

Le général André Delpech, aux côtés de son épouse Marie-Thérèse, demeurait avant tout l’homme, le voisin, l’ami, le père et le grand-père. Sous son imposant personnage, derrière son autorité qui inspirait le respect et derrière ses exigences qui n’avaient d’autre but que de nous conduire vers le meilleur de la nature humaine et vers l’excellence, résidait avant tout l’ancien déporté, humble, attentionné, humain, affectueux, avec toujours une anecdote en réserve pour les proches.

Les moments privilégiers et intimes que j’ai pu passer auprès de lui restent pour moi d’une richesse extraordinaire.

Mon général, Madame Delpech, nous sommes venus nombreux aujourd’hui vous rendre visite, parce que vous êtes toujours dans notre cœur, et pour vous rassurer : nous sommes toujours là, à poursuivre, pour reprendre votre propre expression, « le vœu pieux que ce qui s’est produit à Dachau ne recommence pas ».