Projet label « Mémoire en Héritage »

De novembre 2021 à juin 2022, un jeu de notre exposition itinérante DACHAU circulera dans le département de l’Isère. La raison de ce long voyage ? Un ambitieux projet lancé par Jean-Paul Blanc, président départemental de l’UNADIF 38 (et accessoirement membre de l’Amicale de Dachau) :

le projet label « Mémoire en Héritage »

Présentation du projet par l’UNADIF 38 : « Ce projet consiste à faire travailler une classe d’un collège ou lycée sur le parcours d’une femme ou d’un homme, Résistant(e), Déporté(e), pendant la totalité de l’année scolaire. La classe devra travailler sur le passé de cette Résistante ou Résistant. Les élèves seront encadrés par un ou deux professeurs d’Histoire ou autre, intéressés par le projet, et pourront présenter ce parcours sous la forme de leur choix : travail à réaliser par les élèves, recherche sur la personne désignée, possibilité d’un journal de bord, reportage photographique, reportage vidéo, etc.. L’UNADIF 38, qui travaille depuis plusieurs années avec un professeur de Lettres et un professeur d’Histoire du Collège Louis Aragon de Villefontaine, a proposé pour le lancement de ce projet de travailler sur un Résistant, Déporté de Lyon, monsieur Robert VALLON. Son fils, Alain VALLON, qui habite à Bourgoin-Jallieu, pourra apporter la connaissance du parcours de son père lors d’une conférence au Collège. Le projet sera organisé autour des recherches des élèves, des visites de lieux d’internement assorties d’ateliers pédagogiques, des visites de musées, des rencontres. Pendant l’année scolaire, les étudiants du BTS audio-visuel du Lycée Léonard de Vinci seront chargés de la captation vidéo qui permettra in fine de créer un reportage mêlant témoignages, images d’archives et récits. L’UNADIF 38 apportera un soutien tout au long du projet, en se rendant régulièrement auprès des élèves à la demande du collège, et en les accompagnant lors de visites programmées. L’UNADIF 38 présentera une exposition sur le camp de DACHAU, où a été déporté Robert Vallon. Cette exposition sera visible au collège Louis Aragon, courant novembre 2021. Monsieur Alain Vallon présentera pour la première fois des dessins de Dachau, rapportés par son père. Cette série de dessins, dont aucune reproduction n’a été faite, a été exécutée par un Allemand concentrationnaire. Les scènes qui y sont représentées sont celles vécues quotidiennement par les détenus français qui connurent l’horreur des camps de la mort et qui seuls ont le droit de revendiquer le titre de Déporté. À la libération du camp par les Américains, la Croix-Rouge distribua des colis de nourriture aux détenus français. Robert Vallon partagea ce colis avec un détenu allemand et ce dernier lui donna en remerciement cette collection. Monsieur Jean-Olivier Viout, Substitut général du Procureur de la République en 1987 qui a assisté le Procureur Pierre Truche lors du procès de Klaus Barbie, fera une conférence au collège le 13 janvier 2022. En juin sera organisée une présentation du travail réalisé par les élèves, en présence des autorités locales et départementales. Cette journée sera aussi celle de l’inauguration par le maire de Villefontaine de l’Impasse Robert Vallon. Ce sera également le lancement officiel de ce projet national. Ce projet initié par l’UNADIF – FNDIR 38 est une première en France. En fonction de la qualité et de l’impact territorial de ce projet pilote, ce type de travail pourrait être réalisé sur l’ensemble du territoire français. Nous avons de très nombreuses personnalités du monde combattant, résistants, déportés, prisonniers, militaires, sur lesquels il est possible de faire travailler des élèves, afin de démontrer l’ardeur de ces défenseurs de la République. Dans ce projet, nous avons le soutien de l’Education nationale, du Département de l’Isère, de la Mairie de Villefontaine, de l’ONACVG de l’Isère et de la 27e BIM. »

Robert Vallon en quelques mots…

Entré en Résistance puis arrêté le 6 avril 1944 à Lyon, Robert Vallon fut d’abord interné à Montluc, où une cellule à son nom a été inaugurée en 2015 (la cellule 109). Il fut ensuite transféré à Compiègne, d’où il fut déporté vers Dachau le 2 juillet 1944 par le tristement célèbre « Train de la Mort » (5e convoi parti de France vers Dachau après le débarquement du 6 juin, ce convoi doit son nom au nombre extrêmement élevés de morts à son arrivée en gare de Dachau le 5 juillet 1944).

Pour témoigner des conditions de vie dans le camp, il rapporta à la libération une série de gravures réalisées par un Déporté allemand, qui lui donna ses dessins pour le remercier d’avoir partagé une partie du colis que la Croix-Rouge française lui avait remis.

À son retour en France, sa femme le quitta et lui laissa Alain, leur fils alors âgé de 18 mois. Robert Vallon se mobilisa très rapidement pour venir en aide aux Déportés et leur famille. Président de l’Association des Rescapés de Montluc durant 35 ans, de 1962 à 1997, année de son décès, il fonda également avec Robert Namiand, un autre Résistant-Déporté, la Journée départementale de la Résistance dans le Rhône. Enfin, Robert Vallon a représenté les Anciens Rescapés de Montluc au procès de Klaus Barbie, l’homme qui fut son bourreau avant sa déportation, et a assisté, en compagnie de son fils Alain, à toutes les séances du 11 mai au 4 juillet 1987.

Il a été décoré de la Croix d’Officier de la Légion d’honneur, la Médaille Militaire, la Croix de guerre 39-45 citation à l’ordre du régiment, la Médaille de la Résistance, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Médaille de la déportation pour faits de Résistance, et la Médaille des blessés militaires.

Dessins rapportés de déportation par Robert Vallon

Cérémonie du Père Lachaise 2021

Traditionnellement, pour les fêtes de la Toussaint, la FNDIRP rend hommage aux victimes de la barbarie nazie en déposant des fleurs au crématorium, au jardin du Souvenir, au pied des Monuments de chacun des camps de concentration, devant la tombe de Christian Pineau et devant le caveau de la FNDIRP, au cimetière du Père Lachaise.

L’Amicale de Dachau sera présente lors de cette cérémonie et vous invite à l’y rejoindre le :

Jeudi 28 octobre 2021 à 10 heures au Cimetière du Père Lachaise

Rendez-vous à 9 h 45 devant l’entrée, rue des Rondeaux (métro Gambetta)

Visite guidée et commentée sur le site du maquis de Grandrupt-de-Bains

10 juillet et 14 août 2021

Cette année encore, lors d’activités estivales de détente, l’Amicale Lorraine du Camp de Concentration de Dachau, en lien avec l’association Mémoire du Maquis de Grandrupt-de-Bains, a tenu à perpétuer la mémoire du maquis de Grandrupt-de-Bains et de ses 116 morts en déportation, dont de nombreux au camp de concentration de Dachau. Ainsi, les associations sœurs ont organisé deux visites guidées et commentées, gratuites et ouvertes à tous, le samedi 10 juillet et le samedi 14 août. La volonté était certes de faire participer les adultes, mais surtout les plus jeunes, pour leur apporter la connaissance des événements tragiques qui ont durement frappé le territoire de la Vôge, partie sud du département des Vosges et partie nord de la Haute-Saône, il y a de cela 77 ans.

Le rendez-vous était fixé devant le mémorial à la Croix de Lorraine du maquis, où sont gravés en lettres d’or les noms des disparus. L’introduction à la visite relatait le pourquoi et le comment du maquis à Grandrupt-de-Bains, en août 1944, alors que le canon libérateur tonnait aux portes du département. Ensuite, c’était la promenade en campagne et en forêt, avec des haltes fréquentes pour présenter les parachutages, la vie et l’entraînement au maquis, l’encerclement et la reddition après un dur combat et un odieux chantage : « rendez-vous et vous serez considérés comme prisonniers de guerre » ou « si vous poursuivez le combat, les 40 otages déjà prisonniers seront exécutés et les villages de Grandrupt-de-Bains et de Vioménil, qui vous ont apporté leur soutien, seront rasés ».

Lourde décision à prendre pour le chef du maquis, qui n’a cependant pas voulu que les patriotes qui l’avaient accompagné aient du sang d’innocents sur les mains. Une partie des hommes s’est rendue, les autres sont restés terrés dans leurs emplacements de combat. Loin était la promesse pour les prisonniers qui, au lieu d’être considérés comme prisonniers de guerre, ont connu la terrible déportation.

Monsieur Roland THOMAS, 100 ans en novembre prochain

Pour terminer la promenade, tous les participants se sont retrouvés au mémorial, où le dernier des maquisards déportés, monsieur Roland Thomas, 100 ans en novembre prochain, a évoqué sa déportation, ses terribles séjours à Dachau puis à Mühldorf, l’un des kommandos de Dachau. Ce camp fournissait la main-d’œuvre pour la construction d’une usine souterraine destinée à produire le Messerschmitt 262 (Me-262), chasseur à réaction dont l’objectif était de défier la supériorité aérienne alliée sur l’Allemagne.

Les discussions se sont terminées devant un rafraîchissement particulièrement apprécié en ces jours d’été qui, il convient de le préciser, étaient ensoleillés. La prochaine promenade aura lieu le samedi 18 septembre, avec un rendez-vous à 15 heures devant le mémorial du maquis.

André BOBAN,
président de l’Amicale Lorraine du Camp de Concentration de Dachau

Commémoration du 77e anniversaire du Train de la Mort

Mémorial des Martyrs de la Déportation, Paris, 2 juillet 2021

Le 2 juillet dernier, nous étions une vingtaine à nous retrouver au Mémorial des Martyrs de la Déportation, en plein cœur de Paris, pour commémorer le 77e anniversaire du départ du Train de la Mort vers Dachau. Parmi les participants, nous avons pu compter sur la présence fidèle de Jean Samuel et Yves Meyer, tous deux survivants de ce terrible convoi, mais aussi sur la venue de quelques officiels, dont madame Véronique Peaucelle-Delelis, directrice générale de l’ONACVG.

Heureux de nous réunir après de longs mois de crise sanitaire, nous avons discuté gaiement dans les jardins du Mémorial avant de nous diriger vers la crypte du Mémorial. Là, dans l’atmosphère solennelle qui caractérise le lieu, le ton s’est évidemment fait plus sérieux. En l’absence du président de notre Amicale nationale, c’est Jean-Michel Thomas, président du Comité International de Dachau (CID), qui nous a adressé quelques mots de bienvenue avant de céder la parole à Jean Samuel. L’ambiance était désormais au recueillement.

« Chers amis,
Aujourd’hui, 2 juillet 2021. Il y a 77 ans, nous sommes partis ; nous, c’est-à-dire des hommes que les nazis avaient arrêtés. Ce 2 juillet 1944, il faisait chaud, très chaud, trop chaud. Conduits en gare de Compiègne, un train de marchandises nous attendait. Dans chaque wagon, un bidon d’eau et un seau hygiénique. Nous nous sommes retrouvés à 100 personnes, entassés les uns contre les autres avec 100 boules de pain et 100 saucissons. La température est devenue insupportable. Certains sont devenus fous, se sont jetés les uns contre les autres et se sont battus. Dans mon wagon, 60 morts. Le train a continué de rouler. Assis sur les cadavres, nous avons pu respirer. Le train ne s’est arrêté que le lendemain en Allemagne. Dans une gare, la Croix-Rouge allemande alertée nous a servi une soupe chaude. Les Allemands ont regroupé les cadavres dans les derniers wagons. Le train est parti. Il a roulé encore et encore et il s’est arrêté en gare de Dachau. Dachau, une gentille petite ville avec un camp de concentration… Dans ce camp, les prisonniers mourraient de la faim, du froid, du typhus et du travail forcé. Le 29 avril, les Américains sont arrivés. Aujourd’hui, j’ai 97 ans. J’ai beaucoup de chance.
Je vous remercie. »

C’est ensuite Yves Meyer qui a pris la parole pour nous relater, dans des mots tout aussi poignants, son expérience personnelle du convoi n°7909. Nous vous renvoyons ici à la page 4 de notre bulletin n°755, où nous avions retranscrit le message vidéo d’Yves Meyer pour le 76e anniversaire de la libération du camp de Dachau. Pour l’ancien résistant, « les images gravées dans [sa] mémoire sont encore très fortes ». Après une tentative d’évasion infructueuse au camp de transit de Compiègne, il doit lui aussi faire face à ce terrible voyage qui le mène jusqu’au camp de Dachau, « un lieu dont seulement quelques camarades connaissaient la signification ». « Moi, j’avais lu en 1936 un récit d’un prisonnier libéré du camp, que je pensais exagéré, mais si j’avais su… »

Enfin, Joëlle Delpech-Boursier a clôturé les interventions en nous lisant quelques extraits de son livre Avoir 20 ans à Dachau, dans lequel elle raconte la déportation de son père. Autre victime « heureuse » du Train de la Mort, dans la mesure où il survécut, le général André Delpech restera hanté par des images d’épouvante, comme celles qui vinrent une première fois le tourmenter lorsque, presque mourant au cours du voyage, il perdit connaissance pour finalement se réveiller au milieu de corps mous et sans vie.

Après quelques minutes de silence et de recueillement, au cours desquelles une gerbe de fleurs fut déposée, Jean-Michel Thomas a repris la parole, cette fois en sa qualité de président du Comité International de Dachau. L’évocation du général Delpech et la présence de Jean Samuel étaient en effet propices à une deuxième cérémonie : l’annonce de la remise du prix André Delpech à Jean Samuel, en reconnaissance du travail qu’il a effectué en tant que secrétaire du CID pendant de très longues années. Pour rappel, le prix André Delpech honore les mérites de ceux qui se sont particulièrement consacrés aux objectifs du CID, soit directement pour la mémoire de la déportation dans ce camp, soit plus largement en luttant contre le fascisme, le racisme et l’antisémitisme et contre toute autre discrimination pour des motifs politiques et religieux.

Notre rassemblement s’est donc clôturé ainsi, sur ces mots de Jean : « Vous venez de me remettre le prix André Delpech. Alors merci, un grand merci. André Delpech était le président du Comité International de Dachau, il était le président de l’Amicale de Dachau, et il était mon ami. Son poste important l’obligeait souvent à se déplacer et il avait besoin d’un secrétaire qui l’accompagnait. Je crois qu’il m’aimait bien, et nos voyages en Allemagne et en Europe ont été facilités par notre complicité. Son nom, son grade dans l’armée, son activité dans la Résistance resteront le symbole du Déporté Résistant. Ce prix, je le reçois avec beaucoup de plaisir et d’émotion. »

Alicia GENIN