Discours prononcé par Dominique Boueilh, Président de l’Amicale de Dachau
Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Maire, Madame La Députée, Monsieur le Président de Département, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs les Présidents d’association, cher public,
L’Amicale du camp de concentration de Dachau est présente cette année à Sarlat pour tenir son congrès annuel, fidèle à cette tradition de rassemblement annuel depuis 1946 dans différentes villes de France.
Il nous est permis ainsi de rendre hommage, aujourd’hui, aux victimes de la déportation originaires de Sarlat, et plus largement originaire du Périgord.
Chaque région, chaque recoin de notre patrie a fait acte de résistance et de sacrifice au moment de combattre l’ennemi nazi. La ville de Sarlat et la région du Périgord ont fait particulièrement et grandement honneur à cette devise.
Dès la fin des années 1940 se constituaient ainsi les premiers réseaux. Les premiers journaux clandestins, tels que « Combat », apparaissent, suivis d’opérations de camouflage de matériel militaire et plus tard d’opérations de parachutage.
L’invasion de l’URSS par les troupes allemandes le 22 juin 1941 sonna, par réaction, le départ d’une franche montée de la résistance. Les réseaux s’organisèrent alors autour de chefs, parfois improvisés.
La mission du maquis est claire : affaiblir au maximum les forces de l’occupant, infliger à ses troupes un maximum de gêne, à son matériel un maximum de dégâts, tels étaient les buts à atteindre. Mais les risques étaient énormes et le combat avec l’ennemi tournait rarement en faveur des porteurs de mitraillettes.
Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissaient la ligne de démarcation et déferlaient en zone libre. Heureusement, les divers mouvements de la résistance firent taire leurs rivalités et, par l’intermédiaire de Jean Moulin, adressèrent au général de Gaulle un message de solidarité avec la France Libre.
Les premières rafles et envois en déportation interviennent à partir de janvier 1943, et c’est seulement à partir de la fin de 1943 que les maquis atteignirent leur pleine maturité et capacité à affronter l’ennemi..
Début 1944, les espoirs d’un débarquement allié sur le sol français exacerbaient le combat.
La sinistre division allemande Brehmer est chargée de faire le nettoyage. Partout l’ennemi arrêtait, fusillait, incendiait. Rouffignac en fut le pire sinistre, tandis que Sarlat échappa à l’embrasement grâce au sang-froid de son maire qui put parlementer avec l’ennemi. Certains prisonniers furent relâchés, d’autres acheminés vers les camps de concentration.
Le 6 juin 44 résonnait l’appel aux armes du général de Gaulle. En quelques heures, les routes furent hérissées de barrages. Le ciel obscurci depuis plus de quatre années s’illumine enfin d’une lueur d’espoir. Une lutte allait mobiliser les résistants, c’était la libération du sol national qui devenait l’objectif immédiat. Nombre de volontaires affluèrent dès cet instant aux campements des maquis.
Mais le monstre était loin d’être épuisé. Le 8 juin 1944 au matin, la division nazie « Das Reich », unité des blindés les plus redoutables, dotée de 20000 hommes, de 200 chars, part de Montauban, de Moissac, de Caussade pour gagner le front de Normandie par la route. Cette journée du 8 juin 1944 s’avère très sanglante : en traversant le Périgord Noir, la division pratique répression et nettoyage. Cette même colonne « Das Reich » s’illustrera à Oradour-sur-Glane.
Des combats intenses et des ratissages répétitifs se poursuivirent, jusqu’à l’inversion du rapport des forces. Les pertes allemandes s’intensifient, l’ennemi décroche et finit par évacuer les villes occupées, avec le maquis sur leurs talons.
1898 déportés du Périgord furent recensés, dont 49 % de Juifs. Les trois quarts des déportés du Périgord le furent dans les seuls mois de 1944, avec pour destination la plus fréquente Auschwitz, Buchenwald, suivie de Dachau.
Edmond Michelet, chef du mouvement de résistance Combat dans le Limousin voisin, président fondateur en 1945 de notre Amicale, et le général André Delpech, Président de l’Amicale de Dachau de 1991 à 2011, engagé dans les maquis du Lot, seront tous deux rescapés de Dachau.
A la veille du 75e anniversaire de la libération des camps, alors que seuls quelques témoins subsistent, tels que Pierre Schillio et Roger Poulet, présents tous deux à nos côtés, le devoir de mémoire mais aussi le devoir de vigilance s’imposent pour préserver les nouvelles générations du péril de la guerre, du totalitarisme, de l’intolérance et des atteintes à la dignité humaine. Lorsque le dernier témoin aura disparu, nous serons seuls face à nos actes et à nos responsabilités, redevables des espoirs qu’ils ont placés en nous, et des sacrifices consentis pour notre liberté.
Ne cédons pas au pessimisme environnant, à l’indifférence, croyons en notre avenir, en la force de progrès et de discernement de l’homme. Dénonçons les atteintes à nos valeurs, combattons nos détracteurs, en particulier ceux qui se réclament les sauveurs d’un monde dont on aurait trop ouvert les frontières.
En mémoire de ces hommes et de ces femmes, de toutes conditions, de toutes origines, de toutes convictions religieuses ou politiques, qui se sont élevés, au péril de leur vie, contre les lois discriminatoires et honteuses de Vichy, contre l’ennemi nazi, ne laissons pas bafouer les valeurs démocratiques et républicaines d’égalité et de fraternité qui nous animent. Et surtout, revenons à nos valeurs universelles.
Discours prononcé par Sébastien Lepetit, Sous-Préfet de Sarlat
Mesdames, Messieurs,
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la valeur de l’homme en tant que tel a été niée.
La barbarie à l’époque du nazisme a mené à une destruction humaine sans précédent dans l’histoire.
Les générations qui se sont succédé depuis, et celles qui nous succéderont, ne doivent pas l’oublier, et doivent s’insurger contre – et combattre – toutes les actions qui pourraient un jour conduire à la répétition de tels événements.
Evidemment, cela demande une certaine persévérance.
Pour atteindre cet objectif, nous pouvons, notamment, nous rattacher à des symboles.
Ecole de la violence, Dachau en est un, puisqu’il demeure encore aujourd’hui celui de la répression contre la résistance européenne au nazisme.
Plus largement, nous devons surtout nous employer à ne pas oublier.
Nous le faisons : en rendant hommage, en saluant la mémoire, en honorant des personnes disparues, en commémorant ; c’est ainsi que nous rappelons dans nos sociétés démocratiques les tragédies du passé.
Et finalement, c’est ainsi que prennent forme les devoirs de mémoire et de vigilance que pourront poursuivre après nous les plus jeunes, lorsque le souvenir d’une expérience vécue ne pourra plus être transmis de manière directe.
Voilà les raisons pour lesquelles je suis heureux d’être présent aujourd’hui et de participer à cette cérémonie du Souvenir, à l’occasion de laquelle la République, dans ce qu’elle a de plus beau, se souvient et s’emploie à dire qu’elle n’oubliera jamais.