Le rassemblement bisannuel de nos six associations s’est tenu à Paris les 24 et 25 novembre derniers à Paris, selon une tradition bien ancrée désormais. Cependant, le rassemblement de cette année présentait un caractère particulier, très symbolique. Notre « inter-amicale » se présentait sous sa nouvelle dénomination « Union des Associations de Mémoire des Camps Nazis », faisant suite à son assemblée générale constitutive du 3 février 2023, à sa déclaration en préfecture le 31 mai 2023, et à son officialisation le 3 octobre 2023 en présence de Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.
Vendredi 24 novembre 2023, ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe
La date du 24 novembre, à peu de jours de la date anniversaire du dernier convoi de déportés parti de France, nous donnait l’opportunité de procéder au premier ravivage de la Flamme au nom de l’Union. Sous une température froide et à la nuit tombée, en présence d’une forte représentation de nos six amicales et de leurs porte-drapeaux, Daniel Simon, président de l’Union, a déposé une gerbe et procédé au ravivage rituel. Protocole strict et intangible, dans l’émouvante solennité de ce lieu.
Samedi 25 novembre 2023, l’UNION face à elle-même
Nous nous sommes rassemblés nombreux à 9 heures au cimetière du Père-Lachaise. Sous la conduite de Sylvain Lebègue, Maître de cérémonie délégué par la mairie du XXe arrondissement, précédés de nos porte-drapeaux, nous avons procédé à un dépôt de gerbes sur les monuments de Mauthausen, Neuengamme, Ravensbrück, Buchenwald, Dachau et Sachsenhausen, en compagnie de M. Hamidou Samaké, conseiller de Paris, délégué du Maire en charge de la Mémoire. La sonnerie aux Morts a retenti six fois au son d’un clairon et d’un tambour de la Préfecture de Paris.
À 10 heures, au monument aux Morts de la mairie, une gerbe a été déposée par Lajos Nagy, seul ancien déporté présent (interné enfant à Mauthausen en janvier 1945, avec ses parents ayant fui la Hongrie), le président de l’UAMCN et M. Hamidou Samaké. Après la sonnerie aux Morts, nous avons écouté et entonné le Chant des Marais et La Marseillaise.
Nous avons rejoint vers 10 h 30 la salle des Fêtes où s’est tenue, durant deux heures, la réunion plénière de l’Union. M. Hamidou Samaké et plus tard M. Éric Pliez, maire de l’arrondissement, nous ont délivré des messages très chaleureux.
Le point de départ de l’échange fut la restitution des réponses au questionnaire envoyé en amont aux membres de nos six amicales. Pour mémoire, ce questionnaire abordait 4 thèmes dont la synthèse des réponses fut présentée par Olivier Lalieu, Dominique Boueilh, Mireille Cadiou et Claude Simon. Dans l’attente de la diffusion de l’analyse plus précise des réponses reçues, indiquons ici les tendances majeures :
L’implication dans nos associations – Les réponses apportées permettent d’identifier de grands domaines de motivation : la préservation de la mémoire des déportations, la transmission des valeurs d’un engagement humaniste, la vigilance politique contre la banalisation et le négationnisme, pour préserver la démocratie.
De fortes attentes sont placées dans l’Union, notamment pour mettre sur pied des transversalités concrètes, augmenter notre audience face aux institutions et agir pour la sauvegarde de nos associations.
La place de la Mémoire de la Déportation dans la société française actuelle – Elle est jugée plutôt insuffisante, elle se heurte à de sérieux obstacles, en particulier la surabondance de détresses humanitaires qui occupent les esprits. Deux leviers majeurs d’efficacité sont mis en avant : le rôle de l’Éducation nationale et nos activités sur les sites. L’Union s’inscrit dans cette démarche.
La transmission aux nouvelles générations – L’implication des jeunes et surtout leur fidélisation soulèvent, entre autres, la question des nouveaux outils de communication. Sera-t-il possible de confier l’ensemble de nos pratiques actuelles à de nouveaux acteurs ?
La dimension idéologique des camps – Face aux dangers de résurgence du modèle idéologique qui a produit les camps, les réponses sont nombreuses, prolixes, quasi unanimement alarmistes. Les activités de mémoire des tragédies causées par le nazisme ont été placées sous l’égide du « Plus jamais ça ! ». Cependant, la menace réelle est déclinée par de très nombreuses réponses, au travers des symptômes observés dans le monde actuel.
Après une séance d’échanges entre les participants, Daniel Simon clôtura provisoirement le débat en soulignant la nécessité de clarifier les questions soulevées. Il repéra les axes de travail suivants : la nature précise du message dont nous sommes porteurs ; notre rôle sur les sites concentrationnaires au-delà du strictement commémoratif ; notre rapport à l’histoire et aux historiens ; les opportunités d’échanges au niveau international ; notre relation au milieu scolaire ; une vitalisation de nos archives ; les outils de communication transversaux.
Des ateliers de travail (à distance, en visioconférence) sont à concevoir, pour la période qui s’ouvre. Faut-il être pleinement rassuré de cette rencontre ? Une assistance un peu moins nombreuse qu’il y a deux ans, une certaine frustration de ne pas approfondir les trop nombreuses questions qui se font jour… D’ailleurs, en amont, seul 1/20e de nos adhérents ont rempli le questionnaire.
Une courte assemblée générale extraordinaire de l’Union permit d’adopter le règlement intérieur de l’Union, un texte préparé par le conseil d’administration.
L’après-midi fut consacré à la tenue d’assemblées générales ou conseils d’administration pour les amicales (ou association) de Buchenwald, Sachsenhausen, Mauthausen et Dachau.
Sans nul doute, ces deux journées furent l’opportunité d’affirmer l’existence de l’Union, de débattre de thèmes fondamentaux et fédérateurs pour notre action à venir. Pour reprendre les termes de notre synthèse : être « un vivier de renouveau d’idées ». Dans deux ans, nous devrons être encore plus exigeants avec nous-mêmes.
Dominique BOUEILH
Secrétaire Général de l’UAMCN